Formes et intensités

 

 

Alice Marchesseau et Christophe Grimpard ont (entre autres) en commun un travail à cheval entre la peinture et le cinéma. Il y a aussi chez ces deux créateurs sétois (depuis 2000) une analyse à la fois du réel et de l’image loin de la narration même si leurs œuvres respectives ne refusent pas une forme de figuratif assez paradoxal puisque, chez l’un comme chez l’autre, s’y mêlent différents plans et divers points de vue. L’objectif commun de cette double approche non d’éliminer la temporalité et les ordres (biographique ou fiction par exemple) mais de les rapprocher en un même plan, une même « texture », un même processus. Au caractère dynamique et complexe.

Les compositions - accentuées chez Grimpard,  plus « floues enchaînées » chez Marchesseau font du lieu de chaque tableau une sorte de dialectique au sein d’agencements où des éléments (tel que le portait)  se cachent mais afin de mieux resurgir et ce non sans ironie. Chaque toile est donc construite de détails mis en relation au sein d’éléments épars. On voit ainsi ce que l’on peut voir et pas forcément ce qui va (ou irait) de soi.

Fidèles à leur pratique cinématographique en tant que (pour faire simple) de décorateurs, les deux artistes au teint de contraintes de structures  montent leurs dramaturgies étranges : changements d’échelle, rapprochement de plans hétérogènes  crée une singularité qui travaille dans un ordre d’intensité autant que d’extension. Les formes dans les contextualités créées par le couple est tout autant une sorte d’élaboration théorique d’un certain formalisme  qu’une fête perceptive qui caractérise  l’intégrité dynamique de leurs œuvres.

Jean-Paul Gavard-Perret  2008